L'intelligence d'une série se mesure souvent à sa capacité à gérer le drame. Il ne s'agit pas seulement de créer la surprise, de susciter l'effroi mais aussi, et surtout, de savoir passer à la suite. Jusque-là, Robert et Michelle King remplissent cette mission de façon magistrale.
Après l’épreuve des épisodes 15 et 16, l’épisode 17 renoue presque avec la normalité des batailles de tribunaux, des piques entre firmes et autres répliques cinglantes. On en oublierait presque — et jamais je n’aurais pensé écrire cela un jour — que Will Gardner n’est plus, si ce n’est à travers la souffrance physique et émotionnelle d’Alicia.
Les scénaristes ont la pudeur de traiter les obsèques de Will par ellipse. Nous les vivons uniquement à travers la conversation d’Alicia et Diane — que c’est bon de les revoir si complices — : "We were like the two mistresses at the Irish funeral", parvient à ironiser Diane, accoudée au comptoir.
Et puis c’est "back to business a usual " : les tentatives de conciliation, le complot politique avec les manigances du state attorney, l’ombre de Louis Canning, David Lee qui fait du David Lee, Kalinda qui fait du Kalinda mais tellement touchante dans sa fidélité à Diane…. Celle-ci même, qui sent bien les vautours partners appâtés par l’absence définitive de Will, n’a d’autre choix que de se remettre de suite en selle, allant même jusqu’à parler fusion entre Lockhart/Gardner et Florrick/Agos.
Dans ce tableau post-drame, seule Alicia rendra finalement les armes. Elle a passé presque l’épisode à répéter à l’envi "I’m fine", ce qu’elle n’était clairement pas. Il suffit du contre-interrogatoire d’un témoin à propos de ce qu’il reste d’un proche après la mort pour qu’elle s’effondre. Sa façon de glisser sous le drap blanc rappellera à certains cette scène intime avec Will, qu’il se repassait en boucle quand il a appris sa "trahison" de quitter la firme.
La compréhension de sa douleur se lit sur le visage de ses enfants — à ce propos, tous les acteurs méritent un Emmy Award. Seul Peter lui reproche son deuil : "You lost a friend. Not your child, not your husband".
Il reçoit alors le coup de grâce : "I lost my husband a long time ago". Il pense pouvoir se défendre en avançant son argument favori depuis le début de la série : "How many times do I have to tell you, when I cheated, it didn't mean anything?". Et la réplique que nous attendions tous, du moins que j’attendais : "Well then, that was a waste. Because when I cheated, it did".
Face à la mort et à la perte définitive de celui qu’elle ne reverra jamais, Alicia admet enfin ses sentiments. Et c’est ce que j’appelle un tour de maître de la part des scénaristes. Celles et ceux qui chérissaient la relation entre Alicia et Will ne peuvent être frustrés. Elle est devenue sacrée, jamais plus rien ne pourra les séparer.
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Et la promo pour le prochain épisode :
Chaque personnage est repoussé dans ses retranchements et chacun se défend à sa manière.
Bien contente en tout cas qu'Alicia semble rejeter définitivement Peter, c'est peut-être mon point de vue de fille mais je ne l'ai jamais apprécié celui-là.
Donc nouvelle dynamique surtout si c'est pour nous sortir des supers guests comme Michael J. Fox qui est annoncé sur le prochain épisode !
Bref, pour moi, The Good Wife reste le meilleur drama des networks américains.
Je suis en revanche moins enthousiaste à l'idée du retour de Canning. J'aimais bien la perspective d'une fusion entre les deux firmes, sinon je crains que ça se résume à des oppositions stériles et à des histoires peut-être un peu lénifiantes, et surtout toujours remplies de colère alors qu'ils ont tous besoin, je pense, de retrouver la sérénité.
Rendez-moi Tascioni bordel :D