Quand la lumière s'est éteinte sur la jolie ville de Stars Hollow, en 2007, de nombreux critiques télé avaient qualifié cet épisode de "bittersweet". Une litote remplie de tendresse pour atténuer la frustration de nombreux fans qui se voyaient privés d'une saison 8, après une saison 7 bien ratée (si l'on excepte les 10 derniers épisodes).
Alors autant dire que les attentes étaient énormes pour le revival qui a débarqué le 25 novembre sur Netflix. En seulement quatre épisodes (certes d'1h30 chacun), le couple Palladino devait offrir aux fidèles la fin qu'ils avaient toujours voulu, des résolutions et surtout ces "final four words" qu'Amy Sherman Palladino semblait avoir en tête depuis le lancement de la série en 2000.
News ! Vendredi 25/11, aujourd'hui : Gilmore Girls : A Year In The Life !
Pari rempli pourrait-on dire. Est-ce que ces quatre épisodes sont parfaits ? Non (à part Fall, le dernier, qui tient toutes ses promesses). Clairement, les acteurs et les scénaristes se sont faits plaisir. Ils étaient heureux de se retrouver (et ça se voit), le couple Palladino a empaqueté en un temps réduit toutes les histoires qu'ils avaient en tête et qu'ils n'avaient pas pu raconter en raison de leur non renouvellement de contrat (comment expliquer autrement les 20 minutes perdues avec le musical ?), et il y avait clairement la volonté de ramener tout le monde pour célébrer ensemble. La qualité est donc inégale d'une saison à l'autre. Surtout, parce que l'agrégat de beaucoup d'histoires et l'envie de faire revenir tout le monde créent certaines longueurs alors qu'on a envie de retrouver l'essentiel : Stars Hollow, Lorelai, Rory, Emily, Luke...
Pour autant, quand le générique clôt l'ultime épisode, on a déjà envie d'y retourner. Et c'est plus que de la nostalgie. Le talent des Palladino est indéniable et, incontestablement, les Gilmore Girls leur ont manqué autant qu'à nous.
Dès les premières minutes, ils savent nous replonger dans l'univers en nous amenant tranquillement 10 ans plus tard par le biais d'extraits sonores des saisons précédentes. C'est donc tout doucement que nous rejoignons Lorelai et Rory assises sur les marches du kiosque central. Et c'est comme si rien n'avait changé et que nous ne les avions jamais quittées. Le café, les dialogues à 100 à l'heure, les références culturelles, l'humour. Tout y est.
Progressivement, on retrouve la ville, ses personnages (ubuesques pour certains) et bien sûr Luke. Quel soulagement de constater que neuf ans plus tard, lui et Lorelai sont enfin installés, semble-t-il, pour durer. Certains spectateurs ont reproché que les personnages n'aient pas suffisamment mûri : Rory qui reproduit les mêmes erreurs, Lorelai toujours un peu enfant dans ses réactions avec Luke ou Emily. J'ai envie de leur répondre, c'est la vie. Les errements de Rory constituent son personnage. Depuis le début de la série, elle souhaitait explorer le monde. C'est ce qu'elle fait. Avec des hauts et des bas (ou des "hills and valleys" comme lui dit Lorelai). Mais quelle jeune femme de 32 ans, ne se sent pas "lost these days"?
Avec Gilmore Girls, les Palladino ont créé un monde féérique, enchanté dans lequel on se sent bien et protégé. Pour autant, il était toujours ancré dans la réalité, attaché à dénoncer aussi les travers de notre société (less files d'attente pour rien, faire "the wild book or movie") et les difficultés de tout être humain à grandir et à changer. Et ces quatre derniers mots qui soulèvent parfois la colère des foules, ils sont parfaits. En corrélation avec tout le cycle de la série et son "circle of life". Rory est Lorelai, avec quelques années de retard. Certaines théories vont même jusqu'à dire que Logan est son Christopher et Jess son Luke. Et ça fait sens. On se rend alors compte que rien, absolument rien, n'a jamais été laissé au hasard (sauf peut-être cette fin catastrophique de saison 6 et les débuts de la saison 7).
Alors oui, merci à Netflix d'avoir rendu possible cette suite dix ans plus tard. Elle était nécessaire et elle est réussie. Et même une décennie plus tard, Gilmore Girls apparaît toujours comme l'exception dans un univers des séries parfois stéréotypé, aux antipodes des succès du moment. Et c'est aussi pour cela qu'on l'aime, que dis-je, qu'on l'adore ! Pendant six heures, on se sent dans un cocon, à l'abri du monde. Comme si on dégustait sucrerie sur sucrerie. Bref, on se fait du bien. Et rien que pour ça, Amy, Daniel, "we want more" !
Mon classement des quatre épisodes :
1. Fall
2. Winter & Fall (ex-aequo)
3. Summer
Les meilleurs moments :
Le mariage de Luke & Lorelai (finally!)
La déclaration de Luke à Lorelai (finally! bis) : “This, right here, is all I would ever need (...) There is no one who will be more here for you than me (...) You need the space, and I need YOU (...) You can’t leave. You just can’t leave!”
Le revival de The Life & Death Brigade sur la chanson "A little help from my friends"
L'attention (et l'émotion) portée à l'hommage à Richard (il est présent tout au long des quatre saisons)
Le craquage d'Emily au comité de sélection DAR
Kirk (tous les moments avec Kirk sont hilarants !)
L'incongruité de l'installation de Berta et sa famille chez Emily
Les références au passé, la reprise de certains dialogues
Et j'en oublie sûrement... À vous !
Gilmore Girls
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