Peut (beaucoup) mieux faire.
Bon. Veni. Vidi. Mais pas Vici.
Russel est le boss pour souligner les problèmes de rythme, les incohérences et les égarements divers, et j'ai pu opiner du chef en lisant ses critiques et celles d'autres foromiens au fil des épisodes, je ne m'éterniserai donc pas sur tous ces problèmes, qui sont nombreux, récurrents, et assez horripilants. Commentaires en vrac.
Lawrence Fishburne en Jack Crawford, c'est mieux que Harvey Keitel, mais moins bien que Scott Glenn.
Mads Mikkelsen, excellent. Très intéressant que l'anglais ne soit pas sa langue maternelle, comme Hannibal, ça se sent quand il parle (surtout dans les premiers épisodes, on voit qu'il s'est habitué à son accent ensuite), et ça le rapproche du personnage des romans. Une élégance certaine, il en impose grave, et il a quelque chose d'Hannibal que n'avait pas du tout Hopkins. Il peut se montrer hypnotique et attirant, puissant, ce qui est fondamental pour l'évolution de la relation Clarice-Hannibal dans le dernier livre. À mon sens, Anthony Hopkins n'avait pas ça. Mads Mikkelsen est donc une très belle incarnation du personnage d'Hannibal Lecter dans cette saison 1, même si le personnage n'a pas toujours été servi par l'écriture.
À noter que Red Dragon, c'est le début des années 80. La série, théoriquement, se passerait donc à la fin des années 70. Fuller a décidé de la situer à notre époque. C'est un choix, mais pour moi la vraie ambition aurait été de la replacer dans ce contexte-là , pour lui donner cette saveur si particulière, cet environnement un peu vintage à la The Americans.
J'ai lu Russel qui parlait de meilleure adaptation de Thomas Harris, je ne suis pas d'accord avec lui. Meilleure adaptation d'Hannibal Lecter, oui, mais ça s'arrête là . Pour moi la meilleure adaptation de TH est Manhunter de Michael Mann, à égalité avec Le Silence des Agneaux. La différence fondamentale entre l'univers d'Harris et celui de Bryan Fuller, c'est que Thomas Harris a basé ses romans sur de longues et profondes recherches réalisées avec le FBI. Son univers est ancré dans la réalité. Il s'est imbibé de vrai avant d'écrire du faux. Il est évident que les auteurs de la série ne se sont pas donné la même peine. Les recherches sont très minimales, le FBI n'est pas réaliste pour un sou, ni la chaîne de commande, ni les rôles donnés aux uns et autres, et tout l'environnement judiciaire et policier au-delà de la petite équipe est complètement occulté. Il manque des tas de détails pour créer l'univers nécessaire au développement de l'intrigue. La plupart du temps, c'est très peu crédible. Faire ça quand tu adaptes Thomas Harris, c'est s'affranchir d'une contrainte absolument essentielle, et je n'ai jamais réussi à accrocher réellement à la série, à cause de ce sentiment constant de voir ici et là des choses qui sortaient de l'imagination des auteurs, quand elles auraient dû être le résultat de recherches.
Certains choix d'adaptation ne m'ont pas plu du tout. En faisant se côtoyer Hannibal et Will d'aussi près et aussi souvent, il devient absolument improbable qu'il ne sente pas qui il est plus rapidement. Ni Jack, ni Alana, ni Will ne s'en doutent, c'est trop. Et puis, il ne s'agit plus d'une prequel, dans la mesure où les événements ont été changés au-delà du point de non retour. Ce qui est décrit dans la saison 1 (en particulier Will derrière les barreaux et comprenant qui est Hannibal à ce moment-là de l'histoire) rend impossibles certaines choses qui se trouvent dans Red Dragon, et c'est le genre de truc qui ne dérangera que les lecteurs des livres, mais pour une fois j'en fais partie, et ça m'a contrarié.
L'esthétique et la photo sont belles, c'est vrai, mais je trouve que la réal (découpage & direction d'acteurs) est à la traîne, surtout dans la première moitié de la saison. Les acteurs secondaires ont un niveau de jeu parfois CWesque (la palme à Abigail, qui aurait pu jouer dans The Last Airbender). Du coup j'ai trouvé la série tout à fait à sa place sur NBC, à tous les niveaux, et elle m'a rappelé exactement pourquoi je ne regardais plus les séries des networks.
En vrac:
- Abigail rentre au panthéon des boulets, aux côtés de Kim Bauer et de la petite Brody.
- Jack Crawford a été élevé chez les ploucs, il est invité tout le temps à dîner chez Hannibal, mais ne retourne jamais la faveur. Just plain rude.
- Le cancer de Mrs Crawford, en voilà une storyline qui est passée à la trappe sans crier gare.
- Aucun humour dans cette série, ou très peu. Un manque énorme, pour ma part. Même noir, il aurait bien servi à pardonner certaines choses.
Je trouve que cette saison manquait d'aération, de zoom out. On est sans arrête dans les mêmes petites pièces et les mêmes couloirs d'un faux-FBI aseptisé qui sent le studio à plein nez, et on ne voit les personnages que dans les mêmes contextes, constamment. Ça devient extrêmement fatiguant. Il aurait été bien vu de les placer dans des situations plus triviales, et de laisser tomber ces méchants de la semaine à la Smallville pour se concentrer sur Hannibal et Will, dans des parties de leur vie de tous les jours qu'on n'a pas vues cette saison. Ça, ça aurait été ambitieux.
Faire une accumulation de portraits pseudo-artistiques ressemblant plus à The Ring/The Grudge qu'à du Lars Von Trier, même sur NBC, je ne vois pas l'ambition, surtout quand le meilleur de la saison ne vient pas des auteurs, mais du livre original: Hannibal Lecter, Will Graham. Tout ce qu'ont rajouté les auteurs, pour moi c'était du procedural, du CSI, du sans-intérêt, du boring.
Je donne sa chance à la saison 2, mais à moins d'un tremblement de terre, je risque fort d'abdiquer en cours de route.
PS: mon pari pour les derniers mots du series finale d'Hannibal: “Good evening, Clarice."
Bon. Veni. Vidi. Mais pas Vici.
Russel est le boss pour souligner les problèmes de rythme, les incohérences et les égarements divers, et j'ai pu opiner du chef en lisant ses critiques et celles d'autres foromiens au fil des épisodes, je ne m'éterniserai donc pas sur tous ces problèmes, qui sont nombreux, récurrents, et assez horripilants. Commentaires en vrac.
Lawrence Fishburne en Jack Crawford, c'est mieux que Harvey Keitel, mais moins bien que Scott Glenn.
Mads Mikkelsen, excellent. Très intéressant que l'anglais ne soit pas sa langue maternelle, comme Hannibal, ça se sent quand il parle (surtout dans les premiers épisodes, on voit qu'il s'est habitué à son accent ensuite), et ça le rapproche du personnage des romans. Une élégance certaine, il en impose grave, et il a quelque chose d'Hannibal que n'avait pas du tout Hopkins. Il peut se montrer hypnotique et attirant, puissant, ce qui est fondamental pour l'évolution de la relation Clarice-Hannibal dans le dernier livre. À mon sens, Anthony Hopkins n'avait pas ça. Mads Mikkelsen est donc une très belle incarnation du personnage d'Hannibal Lecter dans cette saison 1, même si le personnage n'a pas toujours été servi par l'écriture.
À noter que Red Dragon, c'est le début des années 80. La série, théoriquement, se passerait donc à la fin des années 70. Fuller a décidé de la situer à notre époque. C'est un choix, mais pour moi la vraie ambition aurait été de la replacer dans ce contexte-là , pour lui donner cette saveur si particulière, cet environnement un peu vintage à la The Americans.
J'ai lu Russel qui parlait de meilleure adaptation de Thomas Harris, je ne suis pas d'accord avec lui. Meilleure adaptation d'Hannibal Lecter, oui, mais ça s'arrête là . Pour moi la meilleure adaptation de TH est Manhunter de Michael Mann, à égalité avec Le Silence des Agneaux. La différence fondamentale entre l'univers d'Harris et celui de Bryan Fuller, c'est que Thomas Harris a basé ses romans sur de longues et profondes recherches réalisées avec le FBI. Son univers est ancré dans la réalité. Il s'est imbibé de vrai avant d'écrire du faux. Il est évident que les auteurs de la série ne se sont pas donné la même peine. Les recherches sont très minimales, le FBI n'est pas réaliste pour un sou, ni la chaîne de commande, ni les rôles donnés aux uns et autres, et tout l'environnement judiciaire et policier au-delà de la petite équipe est complètement occulté. Il manque des tas de détails pour créer l'univers nécessaire au développement de l'intrigue. La plupart du temps, c'est très peu crédible. Faire ça quand tu adaptes Thomas Harris, c'est s'affranchir d'une contrainte absolument essentielle, et je n'ai jamais réussi à accrocher réellement à la série, à cause de ce sentiment constant de voir ici et là des choses qui sortaient de l'imagination des auteurs, quand elles auraient dû être le résultat de recherches.
Certains choix d'adaptation ne m'ont pas plu du tout. En faisant se côtoyer Hannibal et Will d'aussi près et aussi souvent, il devient absolument improbable qu'il ne sente pas qui il est plus rapidement. Ni Jack, ni Alana, ni Will ne s'en doutent, c'est trop. Et puis, il ne s'agit plus d'une prequel, dans la mesure où les événements ont été changés au-delà du point de non retour. Ce qui est décrit dans la saison 1 (en particulier Will derrière les barreaux et comprenant qui est Hannibal à ce moment-là de l'histoire) rend impossibles certaines choses qui se trouvent dans Red Dragon, et c'est le genre de truc qui ne dérangera que les lecteurs des livres, mais pour une fois j'en fais partie, et ça m'a contrarié.
L'esthétique et la photo sont belles, c'est vrai, mais je trouve que la réal (découpage & direction d'acteurs) est à la traîne, surtout dans la première moitié de la saison. Les acteurs secondaires ont un niveau de jeu parfois CWesque (la palme à Abigail, qui aurait pu jouer dans The Last Airbender). Du coup j'ai trouvé la série tout à fait à sa place sur NBC, à tous les niveaux, et elle m'a rappelé exactement pourquoi je ne regardais plus les séries des networks.
En vrac:
- Abigail rentre au panthéon des boulets, aux côtés de Kim Bauer et de la petite Brody.
- Jack Crawford a été élevé chez les ploucs, il est invité tout le temps à dîner chez Hannibal, mais ne retourne jamais la faveur. Just plain rude.
- Le cancer de Mrs Crawford, en voilà une storyline qui est passée à la trappe sans crier gare.
- Aucun humour dans cette série, ou très peu. Un manque énorme, pour ma part. Même noir, il aurait bien servi à pardonner certaines choses.
Je trouve que cette saison manquait d'aération, de zoom out. On est sans arrête dans les mêmes petites pièces et les mêmes couloirs d'un faux-FBI aseptisé qui sent le studio à plein nez, et on ne voit les personnages que dans les mêmes contextes, constamment. Ça devient extrêmement fatiguant. Il aurait été bien vu de les placer dans des situations plus triviales, et de laisser tomber ces méchants de la semaine à la Smallville pour se concentrer sur Hannibal et Will, dans des parties de leur vie de tous les jours qu'on n'a pas vues cette saison. Ça, ça aurait été ambitieux.
Faire une accumulation de portraits pseudo-artistiques ressemblant plus à The Ring/The Grudge qu'à du Lars Von Trier, même sur NBC, je ne vois pas l'ambition, surtout quand le meilleur de la saison ne vient pas des auteurs, mais du livre original: Hannibal Lecter, Will Graham. Tout ce qu'ont rajouté les auteurs, pour moi c'était du procedural, du CSI, du sans-intérêt, du boring.
Je donne sa chance à la saison 2, mais à moins d'un tremblement de terre, je risque fort d'abdiquer en cours de route.
PS: mon pari pour les derniers mots du series finale d'Hannibal: “Good evening, Clarice."